Pourquoi il faut voir et revoir Il était une fois en amérique

« - Qu’est ce que tu as fait toutes ces années ?

- Je me suis couché de bonne heure » *

Il ne s’agit pas là de l’incipit d’un des plus célèbres roman du XXe siècle mais bien de l’un des premiers dialogues de l’ultime film de Sergio Leone, Il était une fois en Amérique.

Sorti en salle pour la première fois en 1984, Il était une fois en Amérique (de son titre original Once upon a time in America), clos la trilogie des « Il était une fois » débutée en 1968 avec Il était une fois dans l’Ouest. Au travers de ces longs métrages, le réalisateur italien Sergio Leone donne à voir trois grandes fresques de l’histoire des États-Unis.

De la conquête de l'Ouest américain (Il était une fois dans l’Ouest) à la prohibition (Il était une fois en Amérique) en passant par la révolution mexicaine (Il était une fois la révolution), Sergio Leone use de ces longues périodes historiques comme toiles de fond d’histoires bien plus personnelles.

Sergio Leone use de ces longues périodes historiques comme toiles de fond d’histoires bien plus personnelles.

Inspiré du roman The Hoods (1952) de Harry Grey, Il était une fois en Amérique, raconte au travers de flash backs la jeunesse de Noodles (Robert De Niro) et de ses amis des quartiers pauvres aux hautes sphères de New York.

Si cela semble être au premier abord un film de gangster, pistolets et aux armes sorties, il s’agit également et surtout d’un film sur le temps qui passe. Les nombreuses références à Proust mais aussi l’importance des horloges, des dates, ne sont que des indices de cette obsession pour le temps. Film éminemment contemplatif, on y observe le héros se remémorant sa vie sur le plus beau thème d’Ennio Morricone. Ce long flash back sorte de madeleine de Proust nous emmène au travers d’histoires d’amitié, d’amour mais aussi d’argent. Une même question se pose, comment, alors qu’il avait tout ce héros a finit sans rien.

Si cela semble être au premier abord un film de gangster, pistolets et aux armes sorties, il s’agit également et surtout d’un film sur le temps qui passe.

Pour raconter ces quarante années de la vie de Noodles, Leone avait pensé à six heures de film avant de le réduire à un peu plus de quatre heures. Les distributeurs en charge de la diffusion américaine le raccourcirent à seulement deux heures vingt — contre la volonté de Leone, proposant alors un film chronologique n’ayant plus rien à voir avec celui du réalisateur.

À Cannes la même année une version d’environ trois heures quarante est présentée, cette fois-ci, bien plus proche de l’idée de Leone. Il faudra néanmoins attendre 2012, soit presque trente ans après la sortie du film ,pour qu’il existe enfin une version de quatre heures trente (sous la direction de Martin Scorcese), fidèle à ce que voulait Leone.


Ainsi, c’est un film long, très long même qui nous fait ressentir que le temps passe. On en sort, déphasés — à l’image de de Niro dans la dernière scène prenant une bouffée de son opium; avec la double impression d’avoir déjà vécu une vie et qu’il nous en reste une toute nouvelle à vivre.



* « - What have you been doing all these years

- Been going to bed early »

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