Animal, documentaire d’intérêt public

Nous sommes le 22 novembre lorsque les lumières s’éteignent dans la grande salle de l’UGC de Strasbourg. Il est 20h30 et aucun des spectateurs présents n’imagine ce qu’il va découvrir pendant la prochaine heure quarante-cinq. Simultanément dans 46 villes de France, la même scène se produit ; ces quelques milliers de spectateurs n’en ressortiront pas indemnes.

Une projection bouleversante

À l’écran, apparaissent Vipulan et Bella, alors âgés de 16 ans, déterminés à mener un combat pour l’avenir : celui du vivant.

Ils nous emmènent avec eux au gré de leur apprentissage. Du Parlement européen de Bruxelles au Costa Rica en passant par l’Inde, un élevage industriel de lapin, une rencontre avec un professeur de Sciences Po Paris et économiste à l’OFCE et l’observation des loups dans les Vosges, Vipulan et Bella accompagnés de Cyril Dion tout au long de leur périple nous montrent la situation actuelle de l’exploitation des ressources animales ; le tout teinté d’espoir.

Pendant plus d’une heure, on nous accompagne, on nous guide, on nous transporte pour apprendre et comprendre. Comprendre ce que l’humain a fait et continue de faire : participer à la sixième extinction de masse et la destruction massive du vivant.


« Animal » c’est un accompagnement permanent pour la prise de conscience de l’interdépendance du vivant. Les images sont à couper le souffle et toutes sont pleines de sens. Ce n’est pas seulement une invitation à réfléchir, c’est une invitation à agir. C’est un message fort pour le spectateur ; le destin de l’humanité est entre nos mains.

Le réalisateur avait présenté "Animal" à Cannes avec Bella et Vipulan qui interviennent tout au long du documentaire © Maxppp - Caroline Blumberg

Bella et Vipulan font preuve d’une ardeur, d’une intelligence et d’une patience hors norme ; ils essaieront en vain d’interpeller un député européen sur l’exploitation des ressources océanes et maritimes, ils assisteront avec dégoût mais sans se détourner à un élevage industriel de lapin dans lequel les animaux n’ont pas plus d’une feuille A4 chacun en terme d’espace. Ils participeront au nettoyage des plages en Inde, comprendront avec Eloi Laurent les limites de la croissance et l’importance d’abolir cet indicateur, admireront Jane Goodall et Baptiste Morizot mais aussi la ferme de permaculture du Bec Hellouin et finiront par interroger le président du Costa Rica, sur son système qui a remis en avant la protection du vivant, un peu admiratifs et envieux d’une politique environnementale et animale forte. Ils grandiront avec nous au fur et à mesure du tournage et feront preuve d’une sagesse à couper le souffle. À seulement 16 ans, ils apportent ce que tant d’autres échouent à faire : l’espoir.

« Animal » fait grandir, il apporte une réflexion nouvelle et nombreuses sont les larmes qui coulent sur les joues des spectateurs.

« Ce ne sont des larmes de désarroi face à la situation, de tristesse vis-à-vis du vivant mais aussi d’espoir d’agir ; c’est à nous de changer les choses pas seulement d’espérer qu’ils (les gouvernements) le fassent à notre place. C’est une invitation à prendre part à l’action et j’espère que les gens qui le feront seront nombreux. » Stéphane*, 32 ans après la projection


Un documentaire participatif qui a besoin de spectateurs

Alors que les applaudissements retentissent et que le générique défile, que la salle se lève pour acclamer la dernière heure qu’elle vient de passer, des photos défilent. C’est un générique assez original qui apparaît à l’écran, celui des remerciements, non pas aux entreprises, aux intervenants, aux réalisateurs et aux techniciens mais aux milliers de contributeurs. Ils sont 5174 à avoir répondu à l’appel de Cyril Dion de mars 2021 pour financer le film. Grâce à eux, le film a pu voir le jour et sortir en salle ; alors Cyril Dion les remercie en mettant leur photo au générique ; un moyen original de montrer les participants au film.

« On a fait l’impossible et même plus pour que le film soit vu, une très longue tournée dans toute la France, énormément de médias, plein de réseautages avec des associations, des « influenceurs » et malgré tout pour le moment c’est dur. » Cyril Dion sur Instagram

Le film est sorti en salle le 1er décembre, et depuis en cumulant les spectateurs des avants premières et depuis la sortie il a connu près de 60 000 spectateurs (au jour du 13/12/21). Ce n’est pas mauvais pour un documentaire comme l’affirme Cyril Dion sur sa page Instagram mais, l’utilité publique de la réalisation est telle qu’il est impossible aux yeux du réalisateur qu’il soit retiré des salles.

Pour que le film survive et que la richesse de sa réalisation se pérennise ; une solution : foncez en salle.


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