Ciné-débat "La fac sélectionne", rencontre sous le sigle d'une jeunesse plurielle
A l'occasion de la publication du documentaire "La fac sélectionne" réalisé par Weshculture, l'amphithéâtre Colliard de la Sorbonne a ouvert ses portes pour une projection suivie d'un débat. Un événement organisé, animé et vécu par des étudiants.
Un premier documentaire signé Weshculture
"Si quelqu'un connaît l'amphi, on cherche l'interrupteur ?". Lola Barberousse, vice-présidente du média étudiant Weshculture, prend le micro de l'amphithéâtre pour accueillir les spectateurs, mais aussi pour régler les derniers détails techniques de la projection. Les bancs sont remplis d'étudiants plus ou moins jeunes : proches des réalisateurs, membres des associations organisatrices de l'événement, membres de syndicats invités ou simples spectateurs intéressés par le projet.
Cette soirée représente l'aboutissement du travail de longue haleine mené par des jeunes et pour des jeunes : de l'idée à la production en passant par le montage, tout a été effectué par des étudiants membres du média Weshculture. Les 3 auteures du documentaire - Lola Barberousse, Kiara RS et Carlotta Poirier - se sont posées une grande question : “est-ce-que l'université publique est aujourd'hui un lieu de sélection ?", et si c'est le cas, quels en sont les critères. Elles ont tenté, au cours des huit mois de préparation, de produire une documentation journalistique à partir du paradoxe entre le droit à la poursuite d'études inscrit dans le Code du travail depuis 2017 et la réalité des plus de 90 000 étudiants se retrouvant aujourd'hui sans affectation. Il leur a semblé primordial de travailler cette fois-ci sur un long format pour "laisser place à l'expression de chacun et chacune", selon Kiara RS.
De l'Alternative aux Jeunes Républicains, les représentants des syndicats étudiants en débat
De façon à encourager un esprit d’émulation, la projection est suivie d'un débat donnant la parole à des jeunes, syndiqués sur l'estrade et parfois moins syndiqués dans le public. Roman Adalid, responsable audiovisuel de Weshculture et membre des Politistes (association étudiante ayant coorganisé l'événement), et Lola Barberousse animent le débat. Les discussions alternent entre questions philosophiques telles que "qu'est-ce-qu'un système universitaire juste ?" et problématiques plus concrètes sur les financements nécessaires pour améliorer l'accompagnement à l'orientation au lycée.
Porte-nom sur la table et micro à la main, chacun expose ses idées. Hugo Prévost, représentant de l'Alternative, dénonce la politique "adéquationniste" du gouvernement qui organise "la fac comme une entreprise", au lieu d'une "démocratisation" de l'enseignement supérieur en créant des places en fonction d'études démographiques des naissances. Tandis que Colin Champion, de La Voix Lycéenne, appuie sur le fait que "derrière des chiffres, c'est des vies humaines", le représentant des Jeunes Républicains à la Sorbonne Amine Lehna défend qu' "un système qui sélectionne permet aux étudiants d'être équipés pour réussir en master".
Le ton monte parfois et le public exprime son approbation ou sa désapprobation. Les soutiens "de droite" marquent leur présence, bien que les représentants des Jeunes Républicains et des Jeunes avec Macron aient droit à plus de temps de parole, ils se trouvent en minorité numérique face aux trois représentants "de gauche" : l'Alternative, l'UNEF et La Voix Lycéenne.
Après avoir réfléchi et pointé les problématiques du système actuel, les discussions permettent aux intervenants de proposer leurs solutions. Arthur Sabatier de l'UNEF estime nécessaire d'ajouter à la nouvelle plateforme de sélection en master "une phase d'admission complémentaire" afin de pourvoir les nombreuses places restantes chaque année dans les promotions. Maxence Duprez, représentant des Jeunes avec Macron, se questionne quant à lui sur la possibilité de "poser un critère législatif pour que les facs aient au moins autant de places en master qu'en licence".
La face sélectionne : voilà le constat qui semble faire l'unanimité. La question qui se pose à présent est, comme conclut le documentaire, de déterminer "à quel prix" est effectuée cette sélection ?