Cop’1 solidarités étudiantes : une association qui voulait tout changer

Il y a une chaleur qui nous envahit quand on entre dans la maison des initiatives étudiantes Bastille rue de Tournelles dans le 3ème arrondissement de Paris. Tout le monde s’agite, on discute, on rigole, un climat chaleureux se dégage de l’image à laquelle j’assiste.

Une vingtaine de personnes sont à l’intérieur, à l’extérieur d’autres attendent ; certaines pour aider, d’autres pour se faire aider. Tous les jeudis et vendredis soir c’est la même histoire, une histoire d’entraide, de besoin, de sourires et de chaleur humaine. Tous les jeudis et vendredis soir, Cop’1 entre en scène pour faire ce qu’ils font de mieux : la solidarité. 

Crédits photo : Lola Barberousse

Le récit d’une volonté d’aider

Mars 2020, le pays se confine, les universités ferment. Enfermés dans leur chambre, privés de toute vie sociale, les étudiants subissent la crise, comme tout le monde. Mais un constat frappe Ulysse Guttmann-Faure, co-fondateur de Cop’1 et premier président de l’association, c’est l’état de précarité dans lequel se retrouvent les étudiants.

« Alors avec 5 copains on a décidé de fonder une association, pour répondre à l’immédiat de la crise, à l’urgence de la situation. Et c’est comme ça que Cop’1 est né le 31 août 2020 » D’une simple volonté de remédier à la crise immédiate naît une association qui n’est pas au bout de ses surprises sur son utilité publique. 

14 novembre 2020, Cop’1 peut tenir sa première distribution. Elle a obtenu de la mairie du Vème arrondissement l’autorisation de s’installer place du Panthéon. Après une réussite fulgurante et malgré un confinement, ils recommencent 13 jours plus tard, à la Maison des Initiatives étudiantes dans le IIIème arrondissement. 

 Les distributions connaissent un franc succès, l’association commence doucement à faire parler d’elle, le nombre de bénéficiaires augmente petit à petit. Le constat d’Ulysse est alarmant, derrière les chiffres, il y a des réalités et il est nécessaire de faire grimper l’action de l’association pour qu’elle profite au plus grand nombre. 

 

« Le constat qu’on a fait c’est que la crise avait empiré la situation des étudiants déjà dans les cas de précarité mais qu’il y avait surtout 80% de nouveaux précaires. » 

 

Le nombre de bénévoles augmente aussi. Les distributions se déroulent désormais hebdomadairement à la MIE. Jusqu’à ce jour, où tout commence à exploser pour Cop’1. Nous sommes à la mi-janvier, le pays se déconfine, les universités, elles, restent fermées. Pas un mot sur les étudiants dans l’ensemble des conférences de presse, aucune mesure n’est prise face à la précarité augmentant. Rien. 

Les files d’attente devant Cop’1, elles, augmentent. Pire, elles explosent. Cop’1 doit s’étendre, de toute urgence pour répondre aux besoins grandissants. L’association doit créer des pôles, augmenter ses capacités logistiques, financières et humaines. Pour cela, elle bénéficie d’un réseau d’entraide inter-associatif fort ; elle n’est pas seule dans le soutien qu’elle offre. Mais ce soir-là, la solidarité ne suffit plus. 

 

Devant la MIE, la file d’attente grandit et atteint des proportions alarmantes. Les bénévoles se demandent s’ils vont pouvoir donner à tout le monde. Pour eux, pas d’autres choix, on ne peut pas laisser un étudiant ne pas manger. Alors, un bénévole prend son téléphone et filme, cette file qui n’en finit plus, avant de poster sur les réseaux sociaux. 

 La sonnette d’alarme est tirée, et tout ne fait que commencer. À partir de ce jour, c’est l’escalade aux médias, Ulysse est mis sur le devant de la scène. Il est ce héros qui a sauvé les étudiants de la précarité. Mais pour lui, il est fondamental de garder les pieds sur terre, de ne pas oublier que son action a un sens. Les bénévoles, aussi, gardent le sens des priorités. 

« Si nous on n’assurait pas, il y avait des centaines de personnes qui mangeaient plus, qui avaient des vrais soucis. Cop’1 passait avant notre vie perso. On avait plus le choix, c’était ridicule que nous on n’assure pas. »  Boris, un bénévole.

Crédits photo : Lola Barberousse

L’explosion médiatique, et après ? 

Le boum médiatique est passé, Cop’1 s’étend. En juin, plus de 600 bénévoles sont inscrits. Août marque une pause pour l’association. 

La rentrée arrive et il est encore nécessaire pour Cop’1 de fonctionner. L’association est devenue trop utile pour ne plus tourner. Alors, les distributions à la MIE reprennent hebdomadairement. Le samedi matin, Cop’1 distribue aux Amarres dans le XIIIe arrondissement. À raison de 3 distributions par semaine, l’association peut profiter à plus de 800 bénéficiaires. 

 

Venus de tous horizons, les bénéficiaires sont vus chez Cop’1 comme des bénévoles. Ils sont d’ailleurs nombreux à cumuler les deux fonctions. « Ce sont des gens comme nous, il y a ce côté de proximité. Nous on est des étudiants, eux ils sont forcément étudiants. Il n’y a rien qui nous sépare à part une étiquette. » affirme Boris. Il me livre ensuite que de nombreuses histoires d’amour et d’amitié sont nées chez Cop’1. Comme si ce lieu de solidarité était à l’heure actuelle le meilleur moyen de sortir de la désuétude et de la solitude en cette période pandémique. Cop’1 c’est un peu un refuge pour tous ceux qui en ont besoin, qu’ils soient bénévoles ou bénéficiaires. 

 « Ce sont des gens comme nous, il y a ce côté de proximité. Nous on est des étudiants, eux ils sont forcément étudiants. Il n’y a rien qui nous sépare à part une étiquette. » affirme Boris.

Parce que l’expérience Cop'1 est aussi enrichissante pour les bénévoles qui sortent de la distribution un peu émus par la scène qui vient de se produire. Comme si ce qu’ils produisaient était un moment fort pour eux aussi. Ils affirment tous un à un que Cop’1 est une des meilleures expériences de leur vie, qu’elle leur a permis de se responsabiliser et de retrouver de l’humanité, perdue pendant la crise. 

Solidarités futures et élargissements prévus 

L’association a plus que grandi en un an et demi d’existence et si, s’étendre sur Paris semble capital pour Cop’1, ils réfléchissent notamment à l’installer dans les villes qui en ont besoin. En un an et demi seulement, ils ont acquis une expérience importante et ont tissé un réseau associatif fort. Alors, dans les villes où cela est nécessaire, ils proposent de l’aide aux associations existantes ou la création d’une antenne Cop’1. Début février, Cop’1 s’est délocalisé à Angers avec une équipe de bénévoles sur place. Ils souhaiteraient, à terme, pouvoir faire en sorte que leur action existe dans toutes les villes étudiantes ayant des besoins. 

 

À Paris, leur ville mère, ils se développent aussi, cherchant de nouveaux bénévoles pour augmenter leur nombre de bénéficiaires chaque semaine. Cop’1 ouvre son activité en ce début d’année 2022 et ne se cantonne plus aux distributions alimentaires, l’association a ouvert une antenne pour rendre la culture accessible à tous les étudiants et étudiantes. Affaire à suivre…

 

L’association a besoin de monde et d’implication pour fonctionner, alors une seule chose vous reste à faire : pensez solidarité.

 


[Crédits photo du billet de blog: @cop1.solidarites.etudiantes/ Instagram ©Nils Hirvensalo et ©Raphael Kessler ]

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