Recommandations culturelles de Janvier
Tous les mois Weshculture vous informe de l’actualité culturelle variée de la capitale afin de mettre en avant ses meilleures découvertes !
En passant par les pièces de théâtres, les lectures, expos, films, podcasts et reportages, toute la diversité de l’actualité culturelle y passe !
L’incroyable mise en scène d’Edmond
Pièce de théâtre
Réalisée par Alexis Michalik et créée en Septembre 2016
Cette pièce, grandement saluée par la critique, retrace l’histoire de la création de Cyrano de Bergerac. Le spectateur y découvre un contexte artistique particulier, correspondant à celui de la fin du XIXème, qui s’avère déterminant dans l’évolution de l’art au XXème siècle. En se concentrant sur l’auteur de la pièce, Edmond Rostand, cela permet au spectateur de réaliser à quel point les facteurs historiques et financiers pèsent sur la forme même d’une création. Edmond est un auteur classique qui évolue dans un monde artistique contemporain. Avant Cyrano, il était largement incompris. On lui reproche des pièces trop longues et trop compliquées car elles sont écrites en vers.
Edmond est l’histoire d’une véritable épopée de réalisation théâtrale, presque aussi connue aujourd’hui que la pièce Cyrano de Bergerac en elle-même.
Alexis Michalik met en scène une dynamique théâtrale remarquable et très moderne. Les décors et les acteurs changent en permanence, donnant au spectateur une impression de renouvellement permanent. Le metteur en scène avoue qu’il n’a pas été facile de se réduire à 12 personnages pour une pièce qui en fait intervenir plus d’une cinquantaine à l’origine. Au début de la pièce on assiste entre deux scènes à un spectacle de french cancan réalisé par des danseuses professionnelles. Ces interludes dynamiques et musicales résument bien l’énergie globale de la pièce.
Chaque aspect de la pièce mérite qu’on parle d’un véritable phénomène du théâtre contemporain duquel il ne faut pas passer à côté.
Jusqu’au 30 mars 2025 au théâtre du Palais Royal
Par Julie Rolland le 15/12/24
Amateur.ices de rap ou non, Kintsugi ne peut que vous plaire
Album de musique
Créé par Dinos et sorti en novembre 2024
KINTSUGI, le dernier album de Dinos, sorti le 29 novembre 2024, était plus qu’attendu par l’auditoriat du rappeur. Kintsugi, en japonais, c’est l’art de la réparation : embrasser d’or ses imperfections, accepter ses blessures, apprendre le luxe de la résilience. On attend d’un tel titre qu’il soit celui d’un album personnel, d’un retour aux sources.
Cette attente crée d’abord une déception, largement partagée par le public sur les réseaux sociaux : les 16 titres de KINTSUGI surprennent par leur nouveauté musicale, par une forme de sobriété voire de simplicité. Mais une fois la déception passée, on accepte que cette sobriété nous mette une claque. Car elle est assumée, mise en lumière par la richesse des prods, le percutant des featurings, et la force des textes de l’artiste – puissant même lorsqu’il parle de sujets banals. En se renouvelant, Dinos confirme sa place dans le paysage du rap français contemporain. Et s’il déçoit parce qu’il chante plus qu’il ne rappe, c’est précisément dans ce choix qu’il prouve son aptitude à innover.
Techniquement, rien à redire. L’album, aux transitions efficaces, s’écoute comme on dégusterait un bonbon qu’on prendrait plaisir à laisser fondre sous la langue. Les featurings, d’une grande variété, sont tous fluides, portés par la puissance des prods, et mettent en valeur sa capacité d’adaptation et ses qualités de chanteur. De ses sons solo, on retient ses prouesses d’écriture : on en apprécie les jeux sur les mots, renforcés par les allitérations et assonances du maestro. On note aussi les ambiances créées grâce aux champs lexicaux, celui de l’astrologie étant un fil rouge fort de l’album (qui n’est d’ailleurs peut-être pas sorti la veille de l’anniversaire de l’artiste par hasard!).
Ça s’écoute et ça se réécoute, en acceptant le changement, le chant, et la cohérence inattendue des feats.
Disponible sur toutes les plateformes d’écoute
Par Balqis TANDJAOUI, le 19/12/24
Les Misérables : une comédie musicale à couper le souffle
Spectacle
Mis en scène par Ladislas Chollat et créée en novembre 2024
La comédie musicale reprend le célèbre roman Les Misérables de Victor Hugo.
Production de l'œuvre par Alain Boublil et Claude - Michel Schonberg, mise en scène par Ladislas Chollat.
Le nouveau spectacle théâtral français d’une durée de trois heures, permet au public de redécouvrir les acteurs emblématiques du classique littéraire comme Jean Valjean, Fantine, Cosette et bien d’autres par le prisme de la condition de la femme et du féminisme. La représentation qui se déroule au théâtre musical du châtelet, est composée de deux actes très riches et retrace les parcours de misère de ces personnages. Et cela, dans le Paris du XIX siècle à l’époque des régimes de la première et de la deuxième restauration. En s’achevant par la reproduction de l’historique révolution de 1832.
On y redécouvre Jean Valjean, ancien forçat, homme condamné aux travaux forcés du bagne,emprisonné pour avoir volé du pain dans l’intention de nourrir un orphelin. Il sera alors sans cesse poursuivi par l’inspecteur javert, ennemi juré de l’héros Jean Valjean, souhaitant par-dessus tout à le ramener à la justice en raison de sa morale qui lui fait penser qu’un détenu n’a pas droit à la liberté. Mais également les histoires parallèles des autres personnages.
Aujourd’hui cette œuvre a une place centrale dans le paysage culturel tricolore, représentant les valeurs fondamentales de la république telles que l’égalité et l’entraide.
Cette comédie musicale est à couper le souffle. Les comédiennes et les rôles qu’elles tiennent représentent l’évolution des mœurs de la société vis à vis des femmes. On y découvre notamment Claire Pérot en tant que Fantine qui reflète le mépris et la prépondérance du patriarcat dont elle est d’ailleurs victime le long de son existence. Les accusations ainsi que les insultes dont elle est la cible, en la rabaissant, la dénigrant et la diffamant, représentent les conditions violentes dans lesquelles vivaient les femmes à ce temps, mais qui continuent de persister encore aujourd’hui au XXIème siècle.
La scénographie et l'enchaînement fluide des tableaux qui font passer d’un décor à l’autre très rapidement, constituent la richesse de la pièce et accentuent fortement le caractère de chacun des protagonistes.
La vision de cette création fait ressortir la dimension symbolique entre histoire et décor hypnotisant.
Les musiques emblématiques de la pièce de théâtre à l’image de “ j’avais rêvé d’une autre vie” et “ À la volonté du peuple” font ressentir la détresse et l’aspect émotionnel du récit avant tout, ce qui contribue à l’aspect humaniste et fragile mis en avant par l’auteur et ici illustrés par le metteur en scène, Ladislas Chollat.
La nouvelle comédie musicale Les Misérables est le spectacle qui marque cette fin d’année et ce début d’année 2025, à ne pas louper.
Par Rania Tounekti, 22/12/24
Le coup de cœur littéraire de la rédaction : Stupeur et tremblements
Roman
Écrit par Amélie Nothomb, grand prix du roman de l'Académie française de l’année 1999
Stupeur et tremblements est l’histoire singulière des mésaventures de l'autrice elle-même dans le monde du travail au pays du Soleil Levant. Amélie Nothomb retranscrit avec humour et justesse l’année qu’elle a passée dans une compagnie de commerce international. Elle avait été embauchée pour faire de la comptabilité, mais en raison de son inadéquation avec le très strict code du travail et de l’honneur, elle ne cesse de descendre les échelons. Derrière les humiliations répétées qu’elle subit, se jouent un ensemble d’enjeux relatifs à la discrimination occidentale, ainsi qu’à la discrimination genrée. Elle est le maillon inférieur de la compagnie, et représente la subordonnée de 4 couches supérieures dont chacune lui adresse différemment une violence symbolique. Le patron supérieur représente l’ordre de la divinité dans un pays où “l’existence, c’est l’entreprise”. L’héroïne commet une faute grave dès ses débuts dans la compagnie, et cela détermina le reste de son expérience. L’irréparable en question fut le fait de réaliser une tâche réservée à un employé d’un échelon supérieur. Amélie Nothomb fut réprimandée avec une violence incarnée dans des cris. Le dernier poste qu’elle occupa fut celui de nettoyeuse des toilettes de la compagnie, qu’on lui donna pour la punir et l’humilier. C’est à ce moment-là que s’exprima son génie, elle accepta son sort avec une forme de dérision : “la honte devint la gloire, le tortionnaire devient la victime et le sordide devient le comique”.
L’histoire intéressante de ce récit est accentuée par l’écriture fascinante, originale et inégalable d’Amélie Nothomb. Entre vocabulaire qui n'apparaît nul part ailleurs, situations tournées en dérision et découverte de l’univers de nippon, Stupeur et tremblements constitue une lecture incontournable.
Par Julie Rolland, le 25/12