L’industrie musicale en 2021: les effets de la Covid-19

L’industrie musicale n’aura pas vu une année plus décisive que l’année 2020. Vous qui alliez à des concerts ou des festivals, qui vous rendiez en boite de nuit, à l’opéra, ou encore au cinéma aujourd’hui écoutez vos albums préférés sur spotify, participez à des live session sur Twitch, découvrez vos BO préférées sur Netflix. Si la pandémie n’a été que l'accélérateur d’une numérisation musicale déjà en escalade, elle représente aussi l’essor du direct et de la culture par le web. Voici l'avant, le pendant et l'après.


Premier couplet: le confinement ou l’amertume d’une industrie paralysée.


Le Jeudi 7 Mars 2020, vers 23:30, les pelouses de la Villette sont bondées de centaines de fans de Caravan Palace, dernier groupe en date à avoir donné un concert dans la salle parisienne du Zénith. Ni le groupe, ni son public ne pouvaient se douter qu’il serait impossible de retrouver cette salle de spectacle avant plus d’un an. Il sera pourtant deux jours plus tard impossible de se confronter à cette collusion qui se fait entre les artistes et leur public, la musique et le public, et surtout entre la bière et le public.



Les annonces présidentielles, le 16 Mars 2020, décomposent l’industrie musicale en entier: artistes, producteurs et adeptes de musique se voient obligés de transformer leurs habitudes pour promouvoir la musique d’une nouvelle manière. Cependant, la baisse sur les bénéfices engendrés par toutes les formes de l’industrie musicale durant l’année 2020 est énorme: 4,3 milliards d’euros ont été perdus en France, soit 43% du chiffre d'affaires de l’année 2019, et 15000 concerts environ ont été annulés.


"C’est une non fête de la musique, déclare Jean Noël Tronc, directeur de la SACEM (Société des auteurs et compositeurs et éditeurs de musique) pour évoquer la déferlante qui s’est abattue sur l’industrie musicale en 2020."


Bridge: Les tentatives culturelles du confiné.


Frustrés, les artistes ne s’en tiennent pas à cela. La Covid-19 doit certes isoler les fans les uns des autres, mais la culture, pour ceux qui le veulent, restera une constante de la vie chez soi. La musique sera une arme contre la pandémie, aussi efficace qu’un doliprane. Comme musicothérapie, les centaines de parodies de la chanson française qui ont été créées en invoquant le coronavirus ont l’air d'être la vitamine des habitués des vidéos transférées sur les groupes WhatsApp.

Et on garde évidemment en tête Renaud et son retour révolutionnaire:Coronavirus, Connard de virus.

Dans un registre tout à fait différent, Rome, luttant contre sa violente première vague de la pandémie, voit naître des concerts en tous genres depuis ses balcons, ses terrasses, ses jardins et ses toits. Elle devient une capitale à la fois bruyante et silencieuse. La musique lui permet de couvrir les râles sombres des hôpitaux surmenés.


Les réseaux sociaux emportent ce mouvement dans de nombreuses capitales du monde: New York, Budapest ou Paris se voient envahir par des artistes en tout genre, nostalgique de symphonies reportées ou des boîtes de nuit où il est impossible de mixer. Parmi eux, du haut de son 4e étage à Paris, joue Cyril Boufiesse, altiste de l’Orchestre national de France. Il déclare pour la SACEM:

“J’eu l’envie de sortir l’instrument et de jouer. j'ai ouvert ma boite alto et j'ai commencé à jouer du Bach sur mon balcon.”


Pour lui et pour beaucoup d’autres, c’est de chez lui que Cyril Boufiesse réveille les sensibilisées endormies et parfois anesthésiées de ses voisins. Cyril Boufiesse n’est pas le seul à tenter de continuer de partager et de propager sa passion pour le son.


Refrain: Le live comme kit de survie de l’artiste en pandémie.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux artistes se lancent dans des projets de composition ou de représentation grâce aux réseaux sociaux le permettant, notamment Instagram,Twitch, Youtube, et pour les moins rodés Facebook. Tous les soirs pendant 55 jours, le DJ Français Bob Sinclar réunit des millions d’abonnées pour donner un Set en live. Et il n’est pas le seul à initier des concerts chez soi. Certains artistes optent pour des lives payants filmés dans des salles de concert vides, accélérées par la montée de plateformes comme “MyDigitalArena” en France.



Le live devient parfois pour les artistes le moteur de leur survie. C’est l’élément grâce auquel la connexion avec le public ne se meurt pas. Certaines plateformes ont aussi des systèmes de rémunération intégrés. YouTube annonce que le nombre de fois où les gens ont regardé un contenu en direct sur leur écran a augmenté de 250 % en mars, et une enquête menée par Bandsintown démontre que 75% des spectateurs des concerts traditionnels sont près à continuer de visionner en live leurs artistes préférés à l’abolition des restrictions sanitaires.


Deuxième couplet: Le streaming, sauveur de la musique.


Si vous êtes jeune et que vous appréciez la musique,vous possédez surement un abonnement à une plateforme de téléchargement payante. Pourtant, en France, seulement 15% de la population en bénéficiait au début de l’épidémie.


Si Spotify, Deezer ou Apple Music étaient d’abord les perdants du Covid, (moins d’occasions pour les adhérents d’écouter de la musique dans les transports, essor de la vidéo), le public musical a ensuite trouvé la nécessité de s’abonner à des applications de streaming.

A l’été et l’automne 2020, les sorties musicales sont démultipliées, en France et à l’international: Taylor Swift et son album Folklore, BTS avec Dynamite et d'autres encore font fureur. En France, les albums de rap et r&b tentent sur les plateformes de nouveaux utilisateurs. La plateforme Spotify, grande gagnante de l’industrie streaming annonce 29% de nouveaux actifs chaque mois sur l’application.



Dernier couplet: Une ère post covid pour l’industrie musicale.


Si tout se passe comme entendu, comme nous l’annonce le site du gouvernement, le 30 juin sonnera l’heure de retour des festivals, débout, dans le respect de la règle de 4 mètre carré par personne.

L’industrie a tout de même peur d’une surcharge des salles de spectacle par le public, mais aussi par les artistes, qui n’ont pas pu performer depuis des mois. Aujourd'hui, il ne reste plus qu'à attendre et prolonger son abonnement Spotify.



Lou.




Crédits photographiques:


1. virginradio.fr

2. wsj.com

3. theverge.com

4. huffingtonpost.fr

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