L’éducation des enfants à travers le temps : grandir au moyen âge (2)

C’est avec joie que je vous retrouve aujourd’hui pour poursuivre (ou commencer pour certains) notre « tourisme temporel ». Cet article sera plus détendu que le premier, puisqu’il sera composé d’un certain nombre d’anecdotes provenant de différentes sources, pour former un aperçu global de la manière dont ont pu être élevés les enfants au Moyen-Âge.

Vous le comprendrez, la période que nous allons explorer aujourd’hui s’étend sur plus de mille ans, il ne peut donc pas y avoir qu’une seule éducation unique et inchangée durant ce millénaire, et il serait ici ridicule de parler de « l’éducation au Moyen-Âge » comme d’un concept uniforme et universel. Ceci étant dit, nous allons pouvoir nous approcher d’un peu plus près de cette période méconnue et pourtant ancrée dans notre imaginaire collectif.

Nous allons voir que ces gens n’étaient peut-être pas si différents de nous et surtout, qu’un enfant, peu importe son époque, reste un enfant. Alors si vous avez cinq minutes pour et que vous avez envie de voir d’un peu plus près comment un enfant vivait son enfance à l’époque médiévale, c’est maintenant !


Commençons au commencement, pour vivre et grandir, il faut naître.


Cela peut paraître bête, mais au Moyen-Âge, naître est déjà une étape que tout le monde ne passe pas. En effet, vous ne serez pas étonnés de d’apprendre que le taux de mortalité infantile (dont les morts nés représentaient une bonne partie) était assez élevé. Une fois né, un enfant était baptisé. C’était la première étape de la vie : devenir un enfant de Dieu. C’était une étape primordiale de la vie ; il fallait pouvoir avoir son Salut au Jugement Dernier. On baptisait les enfants très tôt encore une fois en raison du fort taux de mortalité infantile. Après une césarienne par exemple, le prêtre se tenait là lors de l’accouchement et dès que l’enfant était mis au monde il était baptisé, la césarienne étant une opération dangereuse pour la mère comme pour l’enfant.


Certains médecins pensent qu’en étant allaité, un enfant sera "mieux endoctrinés"

Par la suite, l’enfant sera allaité. Le lait maternel a une symbolique tout aussi morale que pratique. Il est la prolongation du sang de la mère et transmet donc les qualités familiales, certains médecins pensent qu’en étant allaité, un enfant sera « mieux endoctrinés ». Il est donc primordial que l’enfant soit allaité dès que le peut la mère.

Cependant, il se peut que l’allaitement ne soit pas possible ou bien tout simplement pas souhaité par la mère. Dans ce cas-là, les mères font appel à des nourrices (surtout dans les milieux bourgeois et aristocratiques) ; il existe des manuels de médecine donnant des conseils sur la manière de choisir sa nourrice. La question de l’amour maternel au Moyen-Âge s’est souvent posée. Malgré les affirmations de certains historiens sur le sujet, il existait bel et bien. Le berceau de l’enfant était à côté du lit, du côté de la mère pour que celle-ci puisse l’allaiter et le bercer à n’importe quel moment de la nuit.




Durant les premières années de sa vie, l’enfant s’occupe en jouant. Il existe bien des manières pour ces enfants de s’amuser, le plus souvent en groupe. Les tombes barbares et gallo-romaines sont un lieu de jeu pour les enfants car elles comportent des figurines par exemple, ils jouaient aux bâtons, à se jeter de la poussière… A la campagne, ils sont souvent sans surveillance, dans les rues, et s’exposent bien souvent à des accidents.


Se pose alors la question de la punition. Quelles étaient les manières de réprimander un enfant ?


Premièrement, c’est toujours au père de corriger l’enfant. La violence est souvent employée, et certaines sources démontrent une certaine ingéniosité de la part des pères. Une lettre de rémission de 1391 nous le montre : un père de famille aimant, devait punir une de ses filles de treize ans qui s’échappée de la maison à plusieurs reprises. Pour la châtier, il l’a enfermée dans un tonneau remplit de marc de raisin. Puis après quelques heures, pensant que la punition avait assez durée et que la leçon fut comprise, il alla chercher sa fille, et constata avec stupeur (oui oui) qu’elle était morte.


Passée cette parenthèse sur les châtiments, une autre grande étape de la vie d’un enfant était son éducation religieuse.


Les parents doivent donner à leurs enfants une foi solide. Il n’existe pas de catéchisme à cette époque, et par conséquent, il appartient aux parents d’inculquer les valeurs du christianisme à leurs enfants. Les riches sont avantagés puisqu’ils ont des livres et autres psautiers pour s’instruire. Dans la plupart des foyers modestes, l’apprentissage religieux se fait auprès des parents par voix orale et visuelle lorsqu’il faut aller à la messe par exemple. Les tympans et vitraux des églises constituent un moyen visuel d’apprentissage de la Bible pour tous les analphabètes par exemple. Quoi qu’il en soit, les enfants grandissent dans un environnement totalement chrétien et apprenne forcément les rites et prières au fil de leur vie d’enfant.


En ce qui concerne les enfants de paysan, ils restent chez leur parents la plupart du temps, jusqu’au mariage donc vers trente-ans. Jusqu’à ce moment, ils sont une main d’œuvre précieuse pour la ferme. Mais pour ce qui est des fils d’artisans ou de marchands, la vie est tout autre. Ils doivent se préparer à la vie active et partent apprendre le métier dans les grandes villes ou à l’étranger et font tourner les affaires familiales avec le chef de famille. Pour, ensuite le faire par eux-mêmes. Les nobles, eux reçoivent une éducation aristocratique. Ils sont formés aux armes et à l’étiquette. Comme les précédents ils sont parfois envoyés hors du domaine familial pour construire leur identité et vivre de nouvelles choses, avec d’autre des leurs par exemple.



Voilà, notre visite d’aujourd’hui s’achève ici. Comme la dernière fois, vous vous doutez que j’ai choisi de faire l’impasse sur certains sujets que l’on peut ranger dans le thème de l’éducation, comme « étudier » ; car j’ai choisi de me center encore une fois sur l’éducation des enfants et non pas sur l’enseignement des jeunes adultes. Si le sujet d’aujourd’hui vous a intéressé et que vous souhaitez approfondir vos connaissances, je vous conseille le très bel ouvrage La vie quotidienne au Moyen-Âge de Jean Verdon, qui a constitué ma principale source pour cet article.



Jérémie.

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