Il faut sauver le mouvement climat !

Et 1 et 2 et 3 degrés, c’est un crime contre l’humanité. Voilà ce qu’ils scandaient en mars 2019 dans les rues de Paris. Ils étaient 40 000 le 15 mars 2019, le 19 mars dernier, ils étaient seulement près de 10 000 pour réclamer une justice climatique et sociale. S’il semble plus qu’essoufflé, le mouvement climat n’est portant pas moins nécéssaire qu’il y a deux ans.


Une urgence pourtant bien réelle


L’urgence climatique n’est pour autant pas moindre. La situation s’est même empirée ces derniers temps. Feux de forêts, hausse des températures, fonte des glaces, extinction des espèces sont désormais devenus monnaie courante des titres de l’actualité.

L’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) annonçait début juin que les températures supérieures à 1,5 degrés aux valeurs préindustrielles pourraient être atteinte dans les 5 ans au lieu de la fin du siècle visée par les accords de Paris.


L’urgence, elle est bien là, les militants du mouvement climat Youth For Climate Paris l’affirment tous les jours, nous sommes pris par le temps. L’action étatique et citoyenne doit se dérouler maintenant ou nous courrons à notre catastrophe.

Cependant, le climat n’intéresse plus, ne mobilise plus.



Manifestation pour le climat,15 mars 2019, image : Le Parisien


Une difficile sensation d’une action vaine


Si les jeunes et les moins jeunes ne se mobilisent plus, c’est pour une simple raison : l’impression que cela ne sert à rien. L’expérience de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) qui a pris fin en juin 2020 et de la loi climat « Climat et Résilience » sont plus que décevants pour les militants. La seconde découlant de la première permet aux écolos d’affirmer que l’inaction étatique est à son paroxysme.


Le bilan de la Convention citoyenne est lourd. Si selon le gouvernement, la moitié des propositions sont reprises par le projet de loi « Climat et Résilience » ; Greenpeace France l’analyse bien autrement. 90% des propositions de mesures de la part des 150 citoyens réunis pendant un an pour les construire ont été enterrées. Sa rédaction et sa lecture à l’Assemblée nationale n’ont pas aidé à rendre cette loi ambitieuse et utile. Encore une fois selon Greenpeace, la loi est en « total décalage » avec l’urgence climatique. La liste des propositions non adoptées est longue.


Pourtant, les citoyens l’affirmaient, les 149 mesures constituaient un bloc et qu’elles ne pouvaient se détacher les unes des autres. Depuis novembre, les 150 montrent leur déception vis-à-vis de la récupération gouvernementale de leur projet.



Convention citoyenne pour le climat. Image : site officiel de la Convention citoyenne


Adoptée le 4 mai, la loi « Climat et Résilience » a ébranlé l’espace public. Ils se sont sentis trahis et désavoués. Les citoyens et citoyennes ayant formulé des propositions claires et ambitieuses ont bien senti qu’ils n’étaient plus la priorité politique d’Emmanuel Macron.

Et quand les résultats ne suivent pas, les citoyens s’essoufflent.


Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ils étaient tout de même 110 000 dans les rues de France le 28 mars dernier à la suite de l’appel de Cyril Dion pour demander une vraie loi climat.

Le 9 mai pour protester contre l’adoption de cette loi par l’Assemblée nationale qu’ils ne jugent pas assez ambitieuse ils étaient 115 000 selon les organisateurs. Ce n’est rien à côté des 350 000 citoyens qui ont pris les rues en 2019.


Ils en attendaient plus et sont déçus. Ils étaient venus pour sauver l’humain et l’humanité et ne trouvent que des piètres résultats pour gagner du temps. Alors face au mépris de la part du gouvernement et d’Emmanuel Macron, les citoyens perdent toute motivation.

« Parfois on se demande si ce qu’on fait sert à quelque chose et comme on a l’impression que cela ne sert à rien on se demande pourquoi on le fait. Ceux qui ne viennent plus, finalement je les comprends. On ne se sent pas écoutés, autant dépensé notre énergie ailleurs. » affirme Pascal* militant écologiste.


Ils étaient 40 000 dans les rues de Paris en 2019 et ne sont plus que 10 000 en 2021 pourtant, l’urgence climatique est encore là. Ils le crieront jusqu’à ce qu’on les entende et les écoute enfin ; le climat est pour eux une réelle priorité et rien ne pourra les arrêter. Ils s’appellent Cyril Dion ou sont anonymes, simples citoyens ou militants engagés, ils sont Greenpeace et Oxfam, Youth for climate ou Extinction Rebellion mais cet engagement, ils l’ont pris et l’achèveront ou bien c’est nous tous qui y passeront.

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