Denki: ”créatif pluridisciplinaire”

Du haut de ses 23 ans, Denki est un “créatif pluridisciplinaire”, comme il aime se définir. En parcourant son compte Instagram (@denkidan) on découvre qu’il touche à (presque) tout que ce soit le montage, qu’il exerce depuis 4 ans ou le mix (on peut retrouver son travail sur soundcloud) la réalisation audiovisuelle, depuis 3 ans et la photo depuis plus d’un an maintenant.



C’est quoi ton thème de prédilection ? Celui dont tu préfères parler ?


« L’amour je pense. C’est un sentiment extraordinaire. Tu confies ta propre réalité aux mains de quelqu’un en qui ta confiance. Et mon père m’a toujours dit “il n’y a pas d’amour, que des preuves d’amour”. L’amour ça m’a frappé quand j’ai vu HER de Spike Jonze en 2015, après une rupture amoureuse à 17 ans. En fait, les photos et les vidéos sont un moyen de dire à quelqu’un que je l’aime même s'il ne peut plus l’entendre. C’est un exutoire.

Mais sinon de manière générale j’aime bien filmer et photographier des émotions fortes, c’est pour ça que je me suis intéressé aux manifestations des gilets jaunes. C’est un moment d’émotion pur, de clivage super fort, c’est un moment de désespoir qui entraîne la haine parfois. En plus, la caméra est une arme, on a vu l’exemple avec Georges Floyd encore très récemment ».



Mais sinon qu’est-ce-qui t’intéresse quand tu prends des photos ou quand tu filmes ?


« Les courts métrages c’est pas toujours un plaisir, c’est beaucoup de travail. Toutes les étapes sont difficiles parce que c’est compliqué, y’a beaucoup de taff et on doit faire beaucoup de concessions. C’est un temps où tu résous pleins de problèmes, et c’est pleins de challenges. Mais sinon ce que je kiffe c’est d’avoir une idée, rassembler une équipe, sur la simple base de je veux taffer et faire confiance a des gens ».


Denki est principalement entouré d’amis ainsi que de gens en qui il a confiance. Cela permet, selon lui, une « émulsion créative », puisque ses proches partagent ses envies créatives.



Comment as-tu appris la photo et la vidéo ?


« J’ai tout appris en autodidacte, grâce à beaucoup de trucs sur internet, que ce soit des vidéos ou des forums. Et surtout j’essaye de pratiquer le plus souvent possible. Grâce à ça j’ai une soixantaine de pellicules. Il faut toujours faire, et aussi exiger pour progresser ».


La créativité de Denki provient essentiellement de son rapport à l'art, qu’il côtoie depuis sa naissance. Fils d’un sculpteur reconnu dans son domaine, jury au meilleur ouvrier de France (nous ne révélerons pas son nom par souci de confidentialité), les étagères sont remplies, depuis sa naissance, de livres d’arts. Il est, malgré tout, élevé dans l’humilité, son père ne se considérant pas comme un artiste lui-même.


Denki considère qu’il faut être honnête avec ses capacités et son travail, « Je me considère pas comme un photographe. Je fais des trucs mais je me prends pas pour plus que ça. J’ai pas le niveau, j’expérimente. ».


Denki estime même avoir une vision japonaise de la définition d’artiste : « pour moi c’est une abnégation complète. Tu sacrifies tout pour ton art : vouer ta vie a quelque chose de plus grand que toi, c’est une raison de vivre » » Mais, il n’applique cette vision qu’a lui-même : « Pleins de gens veulent être des artistes. Pourquoi pas, mais c’est pas mon cas ».

Et quels sont tes différents projets ?


« Le dernier sorti c’est Anoranza, où ça m’a pris une journée de tournage, une journée de montage à peu près. Mais sinon entre le moment où j’ai eu l’idée et la sortie y’a eu 2 ou 3 semaines, mais j’ai très peu dormi ».


En parallèle de la réalisation, Denki porte, avec 3 de ses amies Betty, Laura et Hortense, un très gros projet : Grouma. « C’est une initiative à laquelle j’ai pensé pendant le confinement, en lisant le dernier Argentik Mag. »


Après avoir sorti « Tempête » et « Balades », deux zines regroupant ses photos, Denki voulait se rendre utile. « J’ai envie que les gens consomment la photo autrement que sur un téléphone, parce que c’est pas comme ça qu’on la consomme. Mais comment faire pour que ça soit utile ? ».


L’idée : un zine collaboratif, dont les bénéfices seraient reversés à une association. Tout le monde peut proposer ses photos, du moment qu’elles soient cohérentes et ne portent pas atteinte aux valeurs de l’association (on vous invite à y participer !).


« Grouma c’est le surnom que je donnais à mon arrière grand-mère, c’est encore un moyen pour lui dire que je l’aime ». Denki s’occupe de la mise en page, de la sélection des photos, ainsi que de contacter les imprimeurs.

« La prochaine candidature est pour Co’p1 (une association d’aide aux étudiants ) du 26 avril jusqu’au 9 mai.


Seule contrainte : pas plus de 12 photos, pas de selfie. Et se demander si les photos seront bien imprimées. L’idée est de prendre 16 photographes et de constituer un mood board avec un fil rouge dedans. »



Un projet tout aussi excitant anime particulièrement Denki : un manga one shot, c’est-à-dire un seul volume, de 44 pages, qui s’intitulerait « 8,2 secondes ».

« Je taff avec Sacha depuis plus d’un an. Depuis 1 mois et demi l’idée m’est venue et je lui ai proposé. Il a fait des efforts énormes en termes de rémunérations avec une implication humaine que je remercie énormément. »

On pourra alors se le procurer en physique, avec les précommandes disponibles d’ici la fin de l’année.


« On veut faire transmettre la même émotion que la scène de début ou il se réveille tout seul dans « HER », ça va parler d’absence. »


Malheureusement, Denki a souvent fait face à différents problèmes et particulièrement en ces temps difficiles. « J’ai du annulé une “projexpo” (durant lesquelles des créateurs peuvent venir présenter leurs courts métrages), et durant lesquelles je devais recevoir deux réalisateurs ayant reçu le césar du meilleur court métrage en 2019 et 2020 (Les petites mains et Pile Poil) ».



Finalement, Denki veut encourager chaque créateur à créer à travers ses projets.


« Faites des trucs, tout le temps, avec envie, humilité et continuer de faire. Eclatez-vous, prenez du plaisir, et faites-le jusqu’au bout. Tout le monde à des idées, et faire en sorte qu’elles existent, c’est ça le succès. On a tout à gagner si tout le monde crée, le fait de vendre ce n’est que du bonus ».


On vous encourage vous aussi à créer et nous partager ce que vous faites. Allez jeter un œil au travail de Denki, et supportez les créateurs qui vous entourent !



Melchior


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